top of page

Quand la spiritualité se fait cinq étoiles, l'antithèse de l'enseignement authentique

  • Photo du rédacteur: Édaa
    Édaa
  • 30 sept.
  • 14 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 oct.

Au lendemain du festival des arts de l'amour, nous avons envie de partager à quoi nous a menés la réflexion d'un participant. Juste arrivé, il s'étonne de l'aménagement. N'ayant pas regardé le site de l'École, il pensait trouver un lieu répondant aux critères qu'il connait : un certain luxe. Il s'étonne de la nature omniprésente, des places non bétonnées, des animaux en liberté…

Après les six jours de son séjour, avant de partir, il s'émerveille de l'authenticité, de la simplicité et de la beauté de l'Écohameau. Réalisant que ne pas chercher le luxe superflu n'enlève rien à la qualité, à l'amour du beau, à l'art, à l'innovation dans l'assiette, à l'originalité, et au processus créatif.


Spiritualité et méditation

Notre formation en Inde nous a amenés dès le début de notre périple dans des lieux de méditation très simples sans confort excédentaire. Les expériences se sont toujours faites sur le terrain, dans des kumba mela au milieu de la foule populaire, à Ujain ou Nashik, les crématoires au bord du Gange à Varanasi ou de la Bagmati au Népal, les orphelinats de rue ou les ashram à Jaipur, les pélerinages méditatifs mêlés à la foule hindhouiste pieuse autour de la montagne de Shiva à Tiruvannamalai, la vie dans la forêt au milieu de nulle part… nous vous en racontons une partie dans le livre "Le plaisir de la vie".


Une contradiction fondamentale

Dans ce texte, absence de luxe doit être compris non comme absence d'esthétique ou de technologie, mais comme absence de superflu. Les outils de confort sont bienvenus pourvu qu'ils soient choisis dans la simplicité, en conscience et justifiés.

Absence de luxe ne signifie pas dénuement. Être en état de survie n'est pas propice à la méditation et à l'émergence de la spiritualité. Les enseignants du passé qui habitaient ainsi le faisaient dans un contexte social basé sur la solidarité. Ils ne se trouvaient jamais dépourvus de nourriture et d'abri. Culturellement, le peuple prenait le plus grand soin des chercheur·euses spirituel·les.


À la lumière d'exemples historiques de grands enseignants spirituels [liste en lien des personnalités étudiées], notre écrit critique d'aujourd'hui montre que les stages de luxe représentent non pas une évolution moderne de la spiritualité, mais une régression qui contredit l'enseignement millénaire des traditions authentiques.

Ces initiatives, loin d'être neutres, posent des problèmes éthiques et philosophiques qui méritent d'être analysés. Et, ce faisant, cette marchandisation luxueuse de la spiritualité révèle une contradiction profonde qui demande une critique rigoureuse.


La véritable innovation serait plutôt de revenir aux sources simples et accessibles qui ont toujours caractérisé la transmission spirituelle véritable.


INTRODUCTION

Depuis toujours dans l'histoire de la spiritualité, les chercheurs de l'Autrement, d'Orient comme d'Occident et aussi loin que remontent les témoignages, montrent une constante commune :

ils vivent dans une sobriété assumée. Parfois même radicale et proche de l'ascèse.


Ils ne courent pas après le confort ou le prestige matériel. Leur vie est un témoignage vivant que la profondeur intérieure génère le dépouillement et le détachement des biens matériels. Leur autorité vient de leur cohérence. Ils ne sont pas dans le paraitre et incarnent ce qu'ils enseignent.

De Bouddha qui lâche son palais, à Ramana Maharshi qui vit avec le strict minimum, de Saint François d'Assise à Mâ Ananda Moyî qui ne possèdent quasiment rien, la vérité spirituelle se manifeste dans une vie simple, en dehors des identifications matérielles.


Pourtant, quand on se met en recherche d'une retraite ou d'un stage pour se retrouver soi‑même, on tombe souvent sur une foule d'offres dans des lieux où le luxe plus ou moins marqué s'affiche : hôtels cinq étoiles, spas raffinés, resorts balnéaires et centres de bienêtre haut de gamme, villas sur une plage tropicale…

Ce phénomène contemporain attire l'attention et l'idée est certes séduisante : méditer face à l'océan, faire du yoga après un brunch bio, écouter un enseignement dans un cadre somptueux ou même dans un lieu simplement détaché du contact avec le naturel et la simplicité. Cela permet de sortir de la routine et d'ouvrir une fenêtre sur autre chose.

Toutefois, c'est oublier que ce qui est visé est un Autrement permanent dans la vie de tous les jours.

L'émergence de ces stages d'enseignement spirituel organisés dans des lieux d'exception constitue une rupture majeure avec l'histoire millénaire de la transmission spirituelle et il est légitime de se poser des questions sur cette différence.


Modernisation ou mécompréhension ?

Est‑ce là l'esprit de la découverte spirituelle ?


LE PARADOXE DU LUXE SPIRITUEL

Le luxe des stages n'a rien à voir avec la spiritualité.

Nous dirions que c'est le miroir d'un ego qui se cherche ailleurs qu'en lui‑même, qui achète un "dépassement" à prix d'or.

Ce qui se vend là, ce n'est pas la transformation, mais une performance.


La cohérence transhistorique

La sagesse des traditions nous enseigne que la grandeur spirituelle fait éclore la simplicité.

De Bouddha à Ramana Maharshi, de Jésus à Thich Nhat Hanh, tous ont montré que le chemin mène à un dépouillement volontaire et une vraie humilité.


Cette cohérence traverse les siècles et les traditions. Bouddha quitte son palais pour mendier sa nourriture. Saint François renonce volontairement à sa fortune et embrasse la pauvreté. Gandhi file lui‑même son coton et voyage en troisième classe. Ramana Maharshi passe sa vie sur une montagne avec pour seuls biens un pagne et un bol. Thich Nhat Hanh crée des communautés monastiques d'une sobriété exemplaire.

Tous affirment que la liberté intérieure ne se satisfait pas d'un confort matériel exagéré.


Cette unanimité n'est pas accidentelle : elle révèle que la simplicité n'est pas un détail esthétique mais un fondement pédagogique essentiel de la transmission spirituelle. En choisissant le nom de notre lieu de vie nous avions d'abord décidé Oasis mais la visite de Pierre Rabbhi nous parlant de son projet d'Oasis nous avait fait hésiter entre SimpliCité et Écohameau. N'ayant pas en 1995 la prétention d'enseigner, plutôt de vivre l'écologie sous toutes ses formes, relationnelle (à soi et aux autres) et environnementale (bâtiments et végétation), nous avons opté pour Écohameau.


La simplicité comme enseignement silencieux

Une démarche sincère met la simplicité et l'accessibilité au centre de la vie. La spiritualité se nourrit de la vie, pas du faste. Elle puise sa force dans la simplicité, sa beauté dans l'humilité et son authenticité dans la cohérence entre les paroles et les actes.


Tous les grands maitres savent que leur mode de vie constitue leur premier enseignement. Avant même de parler, ils démontrent par l'exemple que la réalisation spirituelle ne nécessite aucun luxe, que le bonheur véritable ne dépend pas du confort matériel, que l'authenticité, c'est la cohérence entre paroles et actes, que le détachement s'apprend par l'observation plus que par les discours.


le luxe tue la méditation

Contradiction avec l'esprit du dépouillement

La vraie spiritualité, c'est l'aventure de l'inconnu, pas une expérience tout confort où l'on est assis sur un nuage de coton. La véritable exploration demande d'aller au‑delà de sa zone de confort, d'oser être déboussolé.


Il y a dissonance entre un message spirituel et son contexte. Les traditions insistent sur la valeur du détachement, pas théorique, mais incarné. L'exemple des maitres reconnus montre que l'enseignement prend force lorsqu'il est vécu. Comment prêcher le dépouillement intérieur au sein d'un cadre saturé de confort et de raffinement ? La mise en scène luxueuse neutralise l'exemplarité et affaiblit la crédibilité du discours.

Un chemin de libération intérieure au milieu de buffets gastronomiques et de piscines à débordement trahit l'exemple de ces maitres. Le luxe n'est pas un simple décor, il véhicule implicitement un modèle de réussite et de prestige qui contredit l'idéal spirituel du renoncement.


Alors comment justifier qu'aujourd'hui, on enseigne l'éveil à la spiritualité… entre deux massages et un buffet gourmet ?


Les fausses justifications

Quand la spiritualité devient un business, elle se vide de son sens et devient une caricature de l'Éveil. C'est une invitation à se tourner vers l'extérieur au lieu de se connecter à soi et à son propre flow.


Pour cet article, nous avons interrogé des organisateurs de ce genre de stages. Ils invoquent plusieurs arguments qui se révèlent fallacieux :


"Le confort permet une meilleure concentration"

Cette justification inverse la logique spirituelle traditionnelle. Les grands enseignants ont toujours enseigné que c'est précisément dans la simplicité et parfois l'austérité, voire même dans l'inconfort que l'esprit apprend à se détacher des conditions extérieures pour trouver sa paix intérieure.


"Nous méritons le meilleur pour notre développement spirituel"

Cette rhétorique de la "valeur personnelle" révèle un "ego spirituel" qui contredit l'humilité nécessaire à la croissance intérieure. Elle transforme la quête spirituelle en narcissisme déguisé.


"Le luxe n'empêche pas la spiritualité"

Certes, comme l'a montré Osho, il est possible d'être détaché du matériel au milieu du luxe. Osho demeure l'exception qui interroge la règle, et c'est peut‑être là sa contribution la plus précieuse au débat spirituel contemporain. Il force à repenser les associations automatiques souvent issues des religions, entre pauvreté et sainteté, richesse et corruption spirituelle. Mais Osho était lui‑même le maitre, pas l'élève. Pour un·e chercheur·euse spirituel·le, s'immerger dans le luxe pendant sa formation constitue un contre‑enseignement qui renforce l'attachement aux plaisirs sensoriels et surtout maintient une forme de vivre scindée en deux, un côté travail, un côté vacances.


La recherche spirituelle est à intégrer à la vie quotidienne, dans toutes ses facettes. Pour pouvoir se concentrer sur un apprentissage il est important certes d'avoir un espace non encombré par des taches matérielles. Pour se concentrer sur la méditation c'est‑à‑dire pour inviter la méditation en nous une vie simple est indispensable, laisser l'espace pour la méditation se fait en s'abandonnant au flow, pas en s'endormant dans la facilité matérielle.


LA DÉRIVE CONTEMPORAINE : QUAND LE LUXE CORROMPT L'ENSEIGNEMENT

La spiritualité n'est pas une marchandise, ce n'est pas une étiquette de prix qu'on colle sur le chemin de notre vie. Face à cette marchandisation qui ne fait que s'accélérer, le temps est venu de revenir à la source, à cette simplicité, différente de la pauvreté.


Le piège de la marchandisation

Les stages spirituels dans des lieux de luxe révèlent une transformation fondamentale de la spiritualité en produit de consommation. Cette marchandisation engendre plusieurs perversions dont certaines seront détaillées dans les chapitres suivants.


Confusion des fins et des moyens

– Le lieu devient plus important que l'enseignement

– Le confort matériel prend le pas sur la transformation intérieure

– L'expérience sensorielle supplante l'approfondissement spirituel


Sélection par l'argent

– Seules les personnes ayant de l'argent accèdent à ces enseignements

– La spiritualité devient un privilège de classe

– L'universalité du message spirituel est trahie


Illusion de l'achat de la transcendance

– Les participant·es ont l'impression que le développement spirituel peut s'acheter

– Le prix élevé crée une illusion de valeur

– La logique consumériste contamine l'approche spirituelle


LES CONSÉQUENCES PERNICIEUSES

La logique commerciale influence progressivement le contenu de l'enseignement, qui s'adapte aux attentes des participant·es qui ne sont plus que de la clientèle. Et cela entraine nombre de problématiques autant pour les participants, que pour les enseignants.


Sur les participants

Le luxe crée un obstacle financier qui rend l'enseignement inaccessible à celles et ceux qui n'ont pas les moyens.


– Renforcement de l'ego spirituel

Les stages déconnectés de l'essentiel nourrissent l'illusion d'appartenir à une élite spirituelle, créant un ego spirituel plus subtil et donc plus dangereux que l'ego matériel ordinaire plus détectable.


– Confusion entre plaisir et épanouissement

Les participant·es associent leur bienêtre spirituel au confort matériel, créant une dépendance qui contredit l'objectif de libération.


– Déconnexion de la réalité quotidienne

L'expérience luxueuse crée un fossé avec la vie ordinaire, rendant difficile l'intégration des enseignements dans le quotidien.


Sur l'enseignement

L'enseignement est perverti, car il est adapté pour plaire à une clientèle et cesse d'être transmis pour son authenticité.


– Dilution du message

L'environnement luxueux distrait de l'essentiel et affaiblit l'impact transformateur du message spirituel.


– Sélection du public

L'enseignement n'atteint que les privilégié·es, trahissant la vocation universelle de la spiritualité.


– Corruption de la transmission


confusion détente et spiritualité

CONFUSION ENTRE CONFORT ET SPIRITUALITÉ

Ce phénomène montre à quel point il y a une confusion entre le confort matériel et la profondeur spirituelle. Le confort du corps devient une condition de la paix de l'esprit, ce qui est l'exact opposé de la sagesse des traditions.


L'expérience spirituelle devient une prestation de service en assimilant l'expérience spirituelle à une ambiance raffinée.

Les prestations connexes des retraites de luxe comme massages, repas bio haut de gamme, chambres spacieuses, spa, paysages idylliques… brouillent le message. La paix intérieure devient associée à des conditions extérieures exceptionnelles. On confond ainsi la transformation de l'être avec la transformation du cadre dans une expérience temporaire.

On finit par croire que la paix intérieure dépend du cadre. Or si l'on a besoin d'un hôtel cinq étoiles pour méditer, c'est qu'on a raté le cœur du message.

L'enseignement spirituel vise précisément à libérer l'individu de cette dépendance aux conditions extérieures. Les sages montrent que la vraie liberté est indépendante des circonstances, même les plus austères.


La spiritualité authentique est celle qui reste debout quand tout le confort s'effondre.


INÉGALITÉ, EXCLUSION SOCIALE ET MARCHANDISATION

Les stages de luxe créent une spiritualité de classe, une forme d'exclusion. Seuls les humains qui peuvent payer peuvent y accéder. Cela contredit l'universalité de la spiritualité.

Nous occidentaux, culturellement marqués de chrétienneté même si nous ne partageons rien des croyances chrétiennes, nous connaissons tous les mots de Jésus "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu." Ce qui ne signifie pas que les riches n'ont pas droit à la spiritualité…

La dimension socio‑économique ne peut être ignorée. Loin d'être inclusives, ces retraites luxueuses à plusieurs milliers d'euros reproduisent les logiques d'exclusion sociale et économique du système capitaliste.

Ces retraites couteuses sont inaccessibles aux personnes modestes. Elles instaurent une forme de marché spirituel où l'accès à l'enseignement dépend du pouvoir d'achat. Elles renforcent une minorité privilégiée "d'élite (pseudo) spirituelle" qui peut s'offrir son développement intérieur. Seul·es les plus aisé·es peuvent s'acheter un moment d'éveil.


La création de cette élite par la marchandisation est en contradiction flagrante avec l'universalité des enseignements. Le message implicite devient "le chemin vers la vérité coute cher", ce qui contredit les enseignements des maitres. Car la spiritualité, par essence, est universelle : Bouddha enseigne indistinctement aux rois comme aux mendiants, Jésus s'adresse aux pauvres, Ramana Maharshi reçoit gratuitement quiconque se présente à lui.


Quand l'accès à la sagesse devient une affaire de portefeuille, on n'est plus dans l'éveil, on est dans le business.


dérive de la spiritualité

DÉRIVE DE L'IDÉAL SPIRITUEL VERS LE MARCHÉ DU BIENÊTRE

L'idéal spirituel, qui est de se détacher des formes, est remplacé par une la consommation d'un bienêtre, qui renforce l'attachement au confort et à la sécurité.


Ces stages participent à une transformation problématique de la spiritualité en industrie du bienêtre.

L'enseignement spirituel est présenté comme une expérience de consommation, une sorte de "produit de bienêtre" emballé dans du luxe. Se cache derrière ce luxe, une logique de marketing : transformer la quête intérieure en produit de consommation. On vend de la "pleine conscience" comme on vend un séjour détente.

Le langage spirituel est mobilisé comme argument de vente, et l'expérience proposée ressemble davantage à un produit de consommation qu'à une démarche de transformation radicale.

Cette instrumentalisation dénature le sens de la quête spirituelle, la détourne de sa finalité. Au lieu d'être un chemin vers le dépouillement et la liberté intérieure, elle devient une expérience de loisir raffiné pour classes aisées ou au mieux un moment provisoire de détente hors du temps avant de retourner vers ces habitudes.


L'éveil n'est pas une expérience qu'on consomme. C'est un bouleversement radical transformateur de l'être.


POUR UNE ALTERNATIVE AUTHENTIQUE FIDÈLE À L'ESPRIT DES MAiTRES

Parce que, comme les maitres le disent si bien, ce n'est pas le lieu qui fait la spiritualité, mais la sincérité du cœur qui cherche. Le détachement n'est pas un renoncement au monde matériel simple, mais aux possessions, à l'envie, à la jalousie.


Retrouver la cohérence

"La simplicité est l'ultime sophistication." Cette phrase prend tout son sens quand on réalise que les grands enseignants de l'histoire ont incarné le dépouillement volontaire comme le fruit d'une réalisation authentique. Cette cohérence nous révèle que la simplicité n'est pas un détail, mais une base fondamentale de la transmission.


Il ne s'agit pas de condamner totalement ces retraites et stages : ils peuvent être précieux pour couper avec le quotidien, sortir d'une ornière qui barre la route à un AutreChose.

La critique est de dissocier les retraites spirituelles du luxe qui contredit l'essence même du chemin. Si l'on veut rester fidèle à l'esprit des grands enseignements, alors la simplicité est incontournable : un monastère, une ferme, une forêt, un lieu sobre qui rappelle que la spiritualité n'a rien à voir avec le luxe.

L'éveil spirituel ne se trouve pas au fond d'un jacuzzi, mais dans la capacité à rester en paix même quand le monde autour de nous est inconfortable. L'exemple des enseignants historiques nous rappelle que la vérité ne se trouve pas dans l'abondance extérieure mais dans le dépouillement intérieur.


Le modèle traditionnel, les critères d'authenticité

Un enseignement, et un·e enseignant·e, spirituel authentique se reconnait à sa simplicité.


– Focus sur l'essentiel, enseignement, pratique, communauté


– Simplicité matérielle volontaire, l'environnement soutient le détachement. Cadre sobre, nature, silence. Distractions en conscience, confort approprié.


– Lieux modestes, centres communautaires, ashrams, monastères


– Accessibilité financière, l'argent ne doit jamais être un obstacle. Prix modeste, don libre, ouverture à tout le monde, possibilités non financières d'accès.


– Cohérence pédagogique, le cadre renforce le message. L'enseignant·e incarne quotidiennement son message.


LE CAS OSHO, UNE EXCEPTION QUI CONFIRME LA RÈGLE

Osho, avec son style de vie opulent, est souvent cité comme contre‑exemple. Mais sa richesse et le faste qui l'entourent sont une expérience de lâcher‑prise pour ses disciples : la spiritualité peut émerger même au milieu de la richesse, pourvu que l'attachement à celle‑ci ne soit pas présent. Et plusieurs distinctions cruciales s'imposent :


La cohérence philosophique

Osho développe une philosophie explicite du luxe comme outil spirituel.

Les organisateur·ices de stages de luxe, eux, n'ont généralement aucune justification philosophique cohérente.


La maitrise personnelle

Osho est l'enseignant détaché.

Les participant·es aux stages de luxe sont des chercheur·euses en formation pour qui l'exposition au luxe constitue un piège.


L'intention pédagogique

Osho utilise le luxe comme outil pour révéler les attachements.

Alors que dans les stages commerciaux, le luxe sert avant tout à justifier des tarifs élevés.


L'exception qui confirme la règle

Même si l'on accepte comme valide l'approche du luxe spirituel version Osho, il faut tenir compte de son caractère exceptionnel dans l'histoire et surtout de l'aspect provocateur d'Osho. En aucun cas cela ne peut justifier une généralisation commerciale. Une exception ne crée pas une nouvelle norme. Toutes les traditions spirituelles authentiques convergent vers la simplicité, et c'est cette convergence qui doit guider les chercheur·euses sincères.


Osho est une exception qui confirme que la règle du détachement reste la base du chemin.


EN PRATIQUES

Face à un tel foisonnement de propositions, demandez‑vous : est‑ce que cet enseignement me permet de me connecter à mon propre flow, en toute simplicité, est‑ce que je me retrouve à consommer une expérience de luxe ? L'humain sincère doit chercher l'authenticité plutôt que l'apparence.


Pour les chercheurs spirituels

– Méfiez‑vous des prix excessifs

Un enseignement spirituel authentique ne coute jamais le prix d'un séjour de luxe, et surtout pas plus que ce qu'il est possible de payer selon ses finances. Les enseignants authentiques ont toujours privilégié l'accessibilité.


– Observez la cohérence

Examinez si le mode de vie de l'enseignant·e correspond à son message. Une spiritualité authentique se reconnait à cette cohérence.


– Privilégiez la simplicité

Choisissez des lieux et des enseignant·es qui incarnent la simplicité volontaire. Cette simplicité n'est pas une privation, pas une pauvreté, mais une libération.


– Questionnez vos motivations

Demandez‑vous si vous cherchez le confort ou la transformation. Si c'est cette dernière, elle implique de sortir de votre zone de confort, pour reprendre une expression devenue populaire. Ces deux objectifs sont le plus souvent incompatibles.


Pour les enseignants

Un·e véritable enseignant·e doit se demander si son chemin est celui de la cohérence, de l'humilité et de la simplicité. Le but n'est pas de créer une communauté de consommateurs, mais d'aider les autres à retrouver leur propre vérité intérieure.


– Repensez vos priorités

L'objectif premier doit être la transmission authentique, pas la création d'une expérience de consommation.


– Rendez accessibles vos enseignements

Suivez l'exemple des grands maitres qui n'ont exclu personne pour des raisons financières.


– Incarnez vos valeurs

Votre mode de vie et vos enseignements se déroulent dans des lieux à la simplicité volontaire, en cohérence avec votre enseignement. Cette cohérence est votre première crédibilité.


CONCLUSION : RETOUR AUX SOURCES

L'organisation de stages spirituels dans des lieux de luxe, ou simplement détachés de la connexion à la vie simple, ne constitue pas une maladresse de contexte, mais une contradiction structurelle qui mine la crédibilité du message.

Ils représentent une dérive contemporaine qui trahit l'enseignement millénaire en opposant frontalement l'idéal de sobriété et de dépouillement, attesté par les enseignant·es de toutes traditions, à une logique consumériste fondée sur le confort, l'exclusivité et le prestige.

Ils transforment la quête spirituelle en produit de consommation, créent des inégalités d'accès, et surtout, contredisent par leur simple existence le message qu'als prétendent transmettre.


Les principales perversions identifiées dans cet essai :

Les principales perversions identifiées dans cet essai :

– Consumérisme, invitation à consommer des expériences au lieu de vivre la transformation

 

– Incohérence, écart entre discours et pratique des enseignants qui vivent dans le faste


– Marchandisation, transformation de la spiritualité en produit de consommation


– Exclusion, sélection par l'argent réservée à une classe aisée


– Confusion, confort et luxe sont confondus avec profondeur intérieure et épanouissement humain


– Renforcement de l'ego au lieu de sa dissolution


L'histoire des maitres spirituels authentiques nous enseigne une leçon claire : la grandeur spirituelle s'épanouit dans la simplicité, jamais dans le luxe. De Bouddha à Gandhi, de Ramana à Thich Nhat Hanh, tous ont montré que la voie spirituelle authentique passe par le dépouillement volontaire et l'humilité.

Une démarche spirituelle authentique privilégie de manière naturelle, la simplicité, l'accessibilité et la cohérence entre discours et mode de vie. La spiritualité vécue trouve sa force dans la simplicité, sa beauté dans l'humilité, et son authenticité dans la cohérence entre les paroles et les actes.


Face à la marchandisation croissante de la spiritualité, il est urgent de revenir aux sources authentiques et de privilégier les enseignements qui incarnent, par leur simplicité, la sagesse qu'ils transmettent. Ce n'est pas le lieu qui fait la spiritualité, mais la sincérité du cœur qui cherche. Le détachement est celui de la possessivité, de l'envie et de la jalousie, pas celui de la vie matérielle simple et connectée de l'humain.


"La simplicité est l'ultime sophistication". Cette maxime prend tout son sens quand on observe que les grands enseignant·es spirituel·les de l'histoire ont toujours habité le dépouillement volontaire comme résultat de la réalisation authentique. La cohérence remarquable de tous les enseignements authentiques qui ont incarné la simplicité révèle que celle‑ci n'est pas accessoire mais fondamentale à la transmission spirituelle.


Le temps est venu de revenir à la source, à cette simplicité.

Commentaires


bottom of page