Les couleurs du tantra (2)
- Édaa

- il y a 5 jours
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Dernière mise à jour : il y a 4 jours
Dans le tantrisme, la magie n’est ni spectaculaire ni extérieure.
C'est une technologie intérieure en trois intensités.
Elle ne consiste pas à "produire des effets", mais à agir sur la conscience, sur la perception, sur le tissu symbolique du réel.
L’art d’utiliser le corps, le souffle, la parole, la vision et le rituel pour transformer l’énergie, et à travers elle, la manière d’être au monde.
Pour comprendre cette technologie sans la réduire, la lecture par les trois couleurs est particulièrement éclairante.
Blanc, rouge et noir ne sont pas des catégories morales.
Ce sont trois intensités opératives, trois façons d’entrer en relation avec la force vitale, trois modes d’action magique.
Une même magie, trois orientations
Quelle que soit la couleur dominante, la pratique tantrique repose sur les mêmes fondations :
– Le corps comme mandala vivant,
– Le souffle comme pouvoir opératif,
– Le mantra comme vibration transformatrice,
– La visualisation comme acte créateur,
– Le jeu des polarités,
– La magie sexuelle.
– Le rituel comme espace d’intensification,
Ce qui change d’une couleur à l’autre, ce n’est pas l’outil, mais l’orientation de la force.
Blanc, la magie de la clarté
La magie blanche tantrique cherche avant tout à pacifier et clarifier.

Le corps est affiné, rendu sensible, presque translucide.
Le souffle décante l’énergie plutôt qu’il ne la pousse.
Les mantra apaisent, ouvrent la compréhension, alignent.
Les visualisations sont lumineuses, simples, ordonnées : lotus, lumière, nectar, présence descendante.
L'union intérieure des polarités est douce, fusion silencieuse entre conscience et énergie.
L’énergie érotique, lorsqu’elle est là, est sublimée. Elle sert la clarté, pas l’intensification.
Les rituels sont sobres, centrés sur la purification, l'élévation, la connaissance.
La magie blanche agit surtout sur la perception, la stabilité intérieure, la qualité de présence.
La conscience se stabilise, s’élargit, devient témoin.
Son danger n’est pas l’erreur, mais l’assèchement, quand la lumière oublie la chaleur du vivant.
Rouge, la magie de l’intensité
La magie rouge est une magie de transformation par le feu.
Le corps devient un creuset.
Le souffle s’intensifie, chauffe, déplace l’énergie. La force circule, la présence s’incarne.
Les mantra éveillent, dynamisent.
Les visualisations sont ardentes, mouvantes, chargées de symboles vivants.
La polarité et directement expérimentée è travers l’énergie sexuelle qui y joue un rôle central, non comme recherche de plaisir, mais comme union consciente de la lucidité et du désir, de la stabilité et de la puissance.
Les rituels travaillent avec la montée de l’énergie, l’offrande, le feu, la polarité.

Sans cadre, cette magie devient inflation. Avec cadre, elle devient sagesse ardente.
Noir, la magie de la rupture
Elle est une magie de dissolution et de libération.
La magie noire tantrique n’a rien à voir avec la caricature qu’on lui associe.
Elle ose aller là où la conscience résiste :
peurs, pulsions, chaos, zones primitives, attachements profonds.
Le corps est exploré dans ses couches les plus archaïques.

Le souffle confronte, suspend, fracture les automatismes.
Les mantra féroces brisent les structures mentales figées.
Les visualisations sont radicales : destruction, vide, cimetières symboliques, disparition du moi. Non par fascination morbide, mais pour mourir à ce qui est faux.
La magie sexuelle, sert la traversée, la coupure, la perte des repères habituels.
Les rituels sont transgressifs, nocturnes, liminaux. L'objectif n'est jamais la noirceur elle‑même, mais l'affranchissement total de la peur et de l'ego.
Le noir n’est pas une fin, c’est une porte.
Une architecture intérieure, pas trois camps
Ces trois magies ne s’excluent pas. La pratique équilibrée est circulaire. Les trois ensembles forment une architecture vivante.
Sans blanc, le rouge et le noir deviennent instables.
Sans rouge, le blanc s’éthérise et le noir se dessèche.
Sans noir, le blanc se moralise et le rouge se perd dans l’excès.
– Le noir libère et dépouille, brise, dissoud, transcende. C'est la sagesse sauvage.
– Le rouge intensifie et transforme, uni. C'eset la sagesse ardente.
– Le blanc stabilise et oriente, pacifie, purifie, clarifie. C'est la sagesse tranquille.
puis le cycle recommence, à un niveau plus subtil.
Le signe que la magie est juste
Quand les couleurs s’équilibrent, quelque chose devient évident, presque simple. clarté sans rigidité, intensité sans agitation, profondeur sans morbidité, liberté sans dérive.
Alors la magie cesse d’être une technique.
Elle devient une saveur unique, une manière d’habiter le réel avec présence, courage et sensibilité.
Ce texte pose le cadre.
Chaque couleur mérite maintenant son propre espace, son propre rythme, sa propre descente.
Nous y entrerons, une par une.



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